Enquete sur les filles violentes
Candy Shop. C’est le nom d’une redoutable bande de la région parisienne dont plusieurs membres, auteurs présumés de vols dans le RER, ont été interpellés la semaine dernière. Des filles figuraient parmi les agresseurs. Mais les filles savent aussi se passer des garçons. Elles se regroupent désormais en bandes, comme le constate un rapport établi par la préfecture de police de Paris que notre journal s’est procuré.
Un phénomène émergent principalement dans la capitale et en Ile-de-France, mais qu’on retrouve aussi dans quelques grandes villes de province.
Même si elles ne sont pas aussi violentes que leurs homologues masculins, les membres de ces gangs mobilisent l’attention des autorités, notamment à Paris où le préfet de police, Michel Gaudin, a mis en place depuis un an un plan Bandes. Objectif : juguler le développement de ce phénomène.
Qui sont-elles ? Les premières bandes de filles à Paris apparaissent à l’été 2009. Agées de 13 à 20 ans, elles se regroupent alors au Forum des Halles (Ier). A l’image des groupes de garçons qui occupent les mêmes lieux depuis des années. A la grande différence de ces derniers, les filles ne viennent pas toutes du même quartier ou d’une même ville. « Des ados domiciliées à Paris et en région parisienne et qui se réunissent après s’être contactées via des blogs sur Internet, décrit un policier spécialisé dans la lutte contre les bandes. Elles sont en majorité nées de parents originaires d’Afrique subsaharienne, viennent de quartiers sensibles et ont souvent pour point commun d’être déscolarisées et en rupture avec leurs parents. »
Combien sont-elles ? Le nombre de leurs membres est évalué à 200 en Ile-de-France. Les policiers parisiens ont recensé 8 groupes de filles particulièrement actifs dans la région. « Leurs bandes ont toutes des noms bien particuliers, comme les Momi Fiuu, les Bana Danger ou bien encore les Tokyo Girls, ajoute la même source. Elles s’affublent de surnoms en référence à des marques de luxe (BB Dior, Baby Guess, Gucci Lashoux), des sucreries (Suka Bonbon, Tictak Walen), des comportements (l’Insolente, Kpriss, l’Explosive) ou bien des appartenances ethniques (Blakisha, Tissmé). »
Comment s’identifient-elles ? La revendication de leurs origines est toujours explicite. Ces jeunes filles accolent régulièrement à leur surnom l’indicatif téléphonique du pays de leurs parents : Ashley 237 (Cameroun), Cokine 225 (Côte d’Ivoire) ou bien encore Sukaly 222 (Mauritanie). Leur allure souvent très excentrique est également un signe de ralliement. Car leur « esprit d’équipe » est aussi et surtout basé sur l’apparence. « Il ne faut pas perdre de vue que ce sont avant tout des jeunes filles attirées par la mode et ses codes, détaille un spécialiste. Elles fréquentent le Forum des Halles pas seulement parce que de nombreuses lignes de transport en commun y convergent, mais à cause des boutiques de vêtements. »
Comment fonctionnent-elles ? Contrairement aux garçons, il n’y a pas ou peu de hiérarchie. « Aucun chef désigné, pas de rapport de domination entre elles, indique un policier. Elles se regroupent avant tout pour passer du bon temps. Une de leurs particularités est leur tendance à s’approprier l’espace mobile autour d’elles en semant la pagaille et en se montrant très exubérantes. »
Cette enquete a été organisé par Le Parisien